L’année 2024 marque les 400 ans du clavecin Ruckersappartenant aux collections du Musée Unterlinden de Colmar. Pour célébrer cet anniversaire, le musée propose une programmation-événement inédite autour de l’instrument qui débutera le 12.05.2024 avec un concert exceptionnel donné par le claveciniste Jean Rondeau. D’autres concerts et événements suivront jusqu’au mois de novembre 2024. Cette saison musicale se veut l’occasion de partager avec des publics variés un patrimoine sonore unique demeuré intact après quatre siècles.
Jean Rondeau a entrepris d’enregistrer au cours de l’année 2024 une intégrale de l’oeuvre de Louis Couperin sur sept instruments différents pour le label Erato (Warner Classics). Les pièces de Louis Couperin ( v.1626-1661) figurent parmi les oeuvres majeures du répertoire du clavecin. C’est l’un des premiers représentants d’une dynastie de compositeurs dont le plus célèbre est son neveu François.
Au coeur de ce projet, Jean Rondeau a choisi comme clavecin historique le clavecin Ruckers de Colmar dans lequel il salue
Après une session d’enregistrement au Musée Unterlinden, le concert Louis Couperin qu’il donnera le 12 mai 2024 marquera le lancement de la saison-anniversaire de concerts et d’événements au Musée Unterlinden, mais aussi une étape importante de cette aventure discographique.
400 ans de musique : une programmation inédite autour du clavecin de Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar célèbre en 2024 le 400e anniversaire du clavecin Ruckers appartenant à ses collections. Fabriqué en 1624 à Anvers par Ioannes Ruckers, cet instrument exceptionnel est l’un des rares clavecins Ruckers connus encore en état de jeu. Classé au titre des monuments historiques, ce clavecin flamand est aussi une oeuvre d’art peinte et sculptée dont la beauté ajoute à ses qualités musicales. Depuis son acquisition par le Musée Unterlinden en 1980, il est apprécié par les clavecinistes les plus réputés pour des enregistrements et des concerts. Une programmation-événement permettra au public d’entendre le clavecin au cours de quatre concerts.
Ils seront donnés dans la salle de la Piscine du Musée Unterlinden, une ancienne piscine municipale de 1905 réhabilitée par les architectes suisses Herzog & de Meuron. Les concerts réuniront des artistes qui ont particulièrement joué, enregistré et aimé le Ruckers de Colmar : Christophe Rousset, Jean Rondeau, Christine Schornsheim, mais aussi Blandine Verlet (1942-2018) au travers de deux clavecinistes qui ont été profondément marqués par son enseignement, Jean Rondeau et Jean-Luc Ho. La programmation des concerts permettra d’entendre le clavecin Ruckers dans des répertoires variés, en soliste ou accompagné. Le concert du 6 octobre 2024 sera donné par Jean-Luc Ho sur le clavecin Ruckers 1612 prêté par les musées d’Amiens, un instrument historique très rarement entendu, qui rendra visite à son « cousin » de Colmar pour une rencontre musicale inédite.
Les 400 ans du clavecin de Colmar s’accompagnent d’une médiation diversifiée qui vise à mieux faire comprendre le clavecin, un instrument central du renouveau baroque mais encore méconnu du grand public : « Happy Family » pour le jeune public et les familles (Fables de La Fontaine par Pierre-Alain Clerc et Aline Zylberajch et un atelier proposé par Yuki Mitzutani, claveciniste ), visite sensible du clavecin accessible aux mal-voyants et non-voyants, rencontre avec le claveciniste Jean-Luc Ho et le facteur de clavecins Émile Jobin, conférence de la musicologue Florence Gétreau sur l’usage et le décor des clavecins, séminaires sur les clavecins de Colmar et d’Amiens à destination des étudiants des écoles supérieures de musique. Clavecin Ruckers.
Biographie de l’artiste
Qualifié par le Washington Post « d’un des interprètes les plus naturels que l’on puisse entendre sur une scène de musique classique de nos jours », Jean Rondeau est un véritable ambassadeur pour son instrument. Son talent exceptionnel et son approche du répertoire de clavecin ont été salués par la critique et font de lui l’un des claviéristes majeurs d’aujourd’hui. Jean Rondeau est signé chez le label Erato (Warner Classics), ayant enregistré plusieurs albums qui mettent à l’honneur la musique ancienne. L’album qui précède les Variations Goldberg s’intitule Melancholy Grace (2021), salué comme « émouvant […] varié, [et] merveilleux » par le NY Times et « sublime » par Le Devoir. Celui-ci est précédé par Barricades (2020), enregistré avec Thomas Dunford, qui fut acclamé par les critiques, tout comme son enregistrement des sonates de Scarlatti en 2019, qui a remporté le Diapason d’Or de l’Année. Ses premières publications incluent son premier album Imagine (2015), qui a reçu le Choc de Classica et la reconnaissance de l’Académie Charles Cros ; Vertigo (2016, lauréat du Diapason d’Or cette année-là), qui rendait hommage à deux compositeurs baroques de sa France natale Jean-Philippe Rameau et Joseph-Nicolas-Pancrace Royer ; et Dynastie (2017), qui explore les concertos pour clavier de Bach et de ses fils Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel et Johann Christian. Grand promoteur de la musique contemporaine, Jean Rondeau joue en 2018 la première mondiale de Furakèla d’Eve Risser pour clavecin solo au BBC PROMS. Il aborde également ce répertoire en tant que compositeur : en 2016, il compose sa première bande originale pour le film Paula de Christian Schwochow, sorti en avant-première au Festival du film de Locarno la même année. En juin 2022, Rondeau dévoile en première mondiale UNDR à La Grange au Lac d’Evian, un événement décrit comme « explosif » par la presse nationale. Inspiré de la forme des Variations Goldberg et composé avec le batteur Tancrède D. Kummer, cette création pour deux pianos, batterie et machines a vu le jour aussi au Konzerthaus de Berlin et au Musikfest Stuttgart. En plus de ses engagements comme soliste et chef d’orchestre, Jean Rondeau donne régulièrement des masterclasses dans le monde entier. Il a enseigné notamment à l’Académie de Gstaad, à l’Université de Hong Kong et à la Juilliard School de New-York. Jean Rondeau a étudié au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, en se perfectionnant en clavecin, piano, continuo, orgue, jazz et improvisation, ainsi qu’en direction d’orchestre. Il a complété sa formation musicale à la Guildhall School of Music and Drama à Londres. En 2012, il est devenu l’un des plus jeunes interprètes à remporter le premier prix au Concours international de clavecin de Bruges (MAfestival 2012), à l’âge de 21 ans.
Informations pratiques
* Pour participer aux événements, nous vous invitons à réserver auprès du service réservations du lundi au vendredi au +33 (0)3 89 20 22 79 – reservations@musee-unterlinden. com / le week-end au +33 (0)3 89 20 15 58 ou billetterie@museeunterlinden. com ** Tarifs à venir
Martin Schongauer (Colmar, vers 1445 – Breisach, 1491), Retable d’Orlier
L’exposition Couleur, Gloire et Beauté présentée au Musée Unterlinden au printemps-été 2024 est le volet colmarien de l’ambitieux projet « Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) » mené en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et le Musée des Beaux-Arts de Dijon. Décliné sous la forme d’une exposition en trois volets, ce projet résulte du programme de recherche REPEG (Répertoire des peintures germaniques) mené par l’INHA depuis 2019. Visible du 4 mai au 23 septembre 2024
Commissariat d’exposition Commissariat scientifique • Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art (EPHE, PSL / Université d’Heidelberg), chargée d’études et de recherche à l’INHA. À Colmar : • Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice du Musée Unterlinden de Colmar. • Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques au Musée Unterlinden de Colmar.
Le projet
Ce projet est l’aboutissement d’un programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art depuis 2019, qui a permis de recenser près de 500 oeuvres présentes sur le territoire national et produites dans les régions germanophones du Saint Empire romain germanique pendant le Moyen Âge et la Renaissance. Ce travail a consisté en une étude matérielle des peintures sur place, des collectes documentaires et bibliographiques systématiques et des recherches sur les attributions.
Avec des prêts issus de musées parisiens (le musée du Louvre, le musée des Arts Décoratifs, le musée de Cluny…), de musées en région (Orléans, Lyon, Roanne, Marseille, Agen, Grenoble, Moulins, Lille…) et d’églises (Luemschwiller, Marckolsheim, Weyersheim…), chacun des trois musées accueillant un des trois volets de l’exposition propose ainsi un axe en lien avec ses propres collections et les spécificités culturelles et historiques de son territoire.
A Colmar
La collection de peintures anciennes du Musée Unterlinden émane principalement de l’art à Colmar durant les derniers siècles du Moyen Âge. L’exposition permet, grâce à des prêts généreux provenant de musées et d’églises, de l’inscrire dans le cadre géographique plus large du Rhin supérieur : ce territoire, qui correspond plus ou moins à l’actuelle Alsace, s’étend de part et d’autre du Rhin, des Vosges à la Forêt Noire, et de Strasbourg au Nord à Bâle au Sud ; il abrite des villes riches, au grand dynamisme économique, qui sont autant de grands centres de production artistique : Bâle, Colmar, Fribourg-en-Brisgau et Strasbourg.
Au niveau de la tribune de la chapelle, un focus est proposé sur la restauration du Retable d’Issenheim (2018-2022) et sur la manière dont elle a permis de mieux apprécier et comprendre ses exceptionnels panneaux peints et sculptures.
Le volet colmarien de l’exposition s’attache tout d’abord à répondre aux nombreuses questions que les visiteurs d’aujourd’hui peuvent se poser face à de telles oeuvres : comment étaient-elles réalisées aux 15e et 16e siècles ? Quelles fonctions avaient ces peintures considérées aujourd’hui comme des oeuvres d’art ? Quelle était la nature des relations entre les peintres et leurs commanditaires ? Il invite ensuite ses visiteurs à une exploration stylistique, cherchant à leur faire saisir les spécificités de chaque centre de production, voire de chaque atelier, et les changements qui s’opèrent au fil du temps dans les goûts des commanditaires et les propositions des artistes.
Un parcours qui livre des clés de compréhension
Le préambule « Comment ? Matériaux et techniques », présente les modalités de création et de restauration des oeuvres. Une première salle, dédiée aux panneaux peints en tant qu’objets, met en évidence les matériaux utilisés par les artistes et les techniques employées. Le choix de l’essences de bois, la préparation du panneau, la constitution de la couche picturale et l’application de l’or sont ainsi présentés à travers l’exposition de deux panneaux de retable : • une oeuvre principale, Les Deux rencontres du Christ et de saint Pierre (église Saint-Michel, Weyersheim), autour de laquelle est explicité l’ensemble du processus
• une secondaire, Le Martyre d’un saint (Musée Unterlinden, Colmar), proposant un focus sur sa restauration et les éléments que celle-ci a apporté sur l’identification de l’oeuvre et son appartenance à un retable.
Pour quoi faire ? Les fonctions des peintures
Présenté dans la salle d’exposition temporaire, ce premier chapitre dévoile les différentes fonctions et usages des peintures. Principalement religieuses, celles-ci se présentaient sous la forme de retables monumentaux dans les églises mais aussi sous la forme d’oeuvres de plus petit format destinées à une dévotion personnelle dans les monastères et chez les laïcs. Des retables monumentaux Le retable germanique à la fin du Moyen Âge Le terme « retable » désigne une oeuvre peinte ou sculptée (ou les deux) qui se dresse sur l’autel ou à l’arrière de celui-ci. Caractéristiques de l’Europe chrétienne, les premiers retables conservés datent du 12e siècle. Il n’y a pas d’explication univoque à l’apparition de ce type de mobilier liturgique, phénomène large et multiforme. Ce qui est indéniable cependant, dans toutes les hypothèses proposées par les historiens et les historiens d’art, c’est l’importance du rôle des images : un retable est toujours doté d’images et souvent d’images complexes. Elles reflètent et amplifient les significations de la liturgie ; le retable contribue à la véritable mise en scène des cérémonies religieuses.
Des images pour la dévotion personnelle Des oeuvres peintes sans l’intermédiaire de l’ Église La religion joue un rôle encore très important à la fin du Moyen Âge. Elle est au coeur de la vie des hommes et des femmes de cette époque et rythme leur quotidien. Après les épreuves subies par les populations dans les décennies précédentes (guerres, famines, épidémies), l’Église offre un cadre rassurant où chacun peut trouver une consolation grâce au Christ, à la Vierge et aux saints. Ces figures servent d’intermédiaire entre les fidèles et Dieu. Cependant, l’Église est également victime de son succès : elle peine à répondre à l’enthousiasme des laïcs les plus exigeants et les plus aisés. Ces derniers aspirent à une foi plus intime et à un rapport direct avec le divin.
Retable de la Vierge
Pour quoi et par qui ? Commanditaires,artistes et ateliers
Ce second chapitre propose de découvrir les différents acteurs de la création d’un retable : sculpteur, peintre, huchier (menuisier), leurs ateliers respectifs (maître/compagnons/apprentis). Le rôle crucial des commanditaires à l’origine des oeuvres y est également présenté. Les retables, des oeuvres collectives À partir des années 1450, on assiste dans la région à un net développement du retable qui gagne en ampleur et en hauteur. Progressivement, les panneaux peints sont compartimentés, encadrés, et les décors se font plus complexes (Caspar Isenmann, Retable de la Passion du Christ, Musée Unterlinden). Différents corps de métiers tels que des peintres, sculpteurs et huchiers (menuisiers), collaborent à la réalisation de ces ensembles, qui allient peintures et sculptures au sein d’une caisse et d’encadrements mobiles réalisés sur mesure pour les accueillir. (Retable de la vie de la Vierge, église Saint-Christophe, Luemschwiller).
Le contrat de commande La demande d’un commanditaire, religieux ou laïc, est le préalable indispensable à toute création artistique d’importance à la fin du Moyen Âge. L’identité des commanditaires de ces oeuvres n’est cependant pas aussi aisée à déterminer qu’on pourrait le penser. Elle peut être connue, ainsi que la teneur de la commande, grâce aux rares contrats existants qui mentionnent le ou les maître(s) d’ouvrage et le nom du ou des artiste(s) sollicité(s). Ces documents signés par les deux parties peuvent être laconiques et se réduire au délai imparti, à l’artiste et au paiement. À l’inverse, le commanditaire précise parfois avec beaucoup de détails ses volontés, la qualité souhaitée, l’iconographie, et peut même exiger un dessin préparatoire qu’il doit valider avant l’exécution de l’oeuvre. Le contrat de commande du Retable de la Passion du Christ de Caspar Isenmannnest l’un des rares contrats de commande conservés dans la région du Rhin supérieur à la fin du Moyen Âge.
Où et quand ? Centres de production et évolutions picturales
Le troisième chapitre de l’exposition permet de suivre la dynamique artistique de la production picturale dans le Rhin supérieur entre 1450 et 1540 à travers la présentation de plus d’une quarantaine d’oeuvres. Strasbourg, Bâle, Colmar et Fribourg concentrent les principaux ateliers de peintres. Ces derniers travaillent avant tout pour une clientèle locale. Leur carrière est resserrée géographiquement, ce qui atteste d’une forte demande dans la région, mais entraîne un certain conservatisme dans leurs propositions, probablement pour se conformer aux goûts des commanditaires. Le programme de recherche mené par l’INHA a permis de recréer des ensembles cohérents d’un point de vue géographique et chronologique (oeuvres produites dans une même région à la même époque, voire dans un même atelier), et de reconstituer complètement ou en partie des oeuvres qui ont été démembrées. Vers 1450-1460 Des propositions picturales entre douceur et expressivité La production peinte de cette époque dans le Rhin Supérieur est caractérisée par une forte permanence des formules iconographiques et des modes de représentations, accompagnées de recherches encore timides sur le rendu plus naturaliste des volumes des corps et des drapés et de la matérialité des éléments (textiles, armures, bois) ; elle se conforme probablement en cela aux demandes et aux goûts des commanditaires. Des tempéraments artistiques peuvent néanmoins être distingués, entre douceur pour certains artistes et expressivité pour d’autres, tirant parfois à la caricature. Dans les années 1420, certaines personnalités émergent et les particularismes régionaux s’exacerbent. Le maître de Rheinfelden actif à Bâle vers 1450, Jost Haller à Strasbourg à la même époque ou Caspar Isenmann à Colmar vers 1460 réalisent des oeuvres narratives avec un sens du détail et de l’expressivité. (Maître de Rheinfelden, Retable Lösel : Le Baptême du Christ, Dijon, Musée des Beaux-Arts et La Mort de la Vierge, Mulhouse, Musée des Beaux-Arts).
À partir de 1470 Martin Schongauer et comparses La personnalité du graveur et peintre colmarien Martin Schongauer (vers 1450-1491)émerge dans le paysage artistique du Rhin supérieur. Il propose une synthèse inédite entre innovations flamandes et tradition picturale locale. Ses figures ont des attitudes délicates et des expressions douces, marquant leur caractère divin, et héritées de peintres locaux de la génération précédente. Toutefois, il sait parfaitement les mettre en volume et les positionner de manière réaliste dans un espace unifié et des compositions complexes. Il offre ainsi des scènes cohérentes, et donc très efficaces. Par cette stratégie de changement dans la continuité, il séduit des commanditaires locaux importants. Il exerce aussi une large et longue influence sur de nombreux artistes (peintres, graveurs, sculpteurs) dans la région du Rhin supérieur. Mais cette influence s’exerce bien au-delà du territoire grâce à la diffusion de ses nombreuses gravures, d’une qualité exceptionnelle, dans l’Europe entière, grâce à l’imprimerie alors en plein essor.
Un Schongauer a été trouvé dans les réserves du musée.
Un nouveau Dürer
Ce travail de recherche initié par l’INHA a permis de découvrir un 7e Dürer (en France), une crucifixion, identifiée dans un musée de Picardie par Isabelle Dubois Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine.
Vers 1500-1540 L’art singulier de Hans Baldung Grien Au début du 16e siècle, un autre artiste se distingue : Hans Baldung Grien. Basé à Strasbourg et également actif à Fribourg-en-Brisgau, c’est un peintre à la pratique très personnelle, chez qui coexiste les sujets de tradition médiévale et l’ouverture à de nouveaux thèmes et de nouvelles formes. Il faut mentionner sa maîtrise de l’art du portrait et du paysage, ainsi que sa connaissance du maniérisme italien : cette nouvelle manière de peindre apparaît entre 1515 et 1520 et gagne rapidement l’Europe entière. Elle s’attache à afficher l’artificialité de l’art en poussant parfois jusqu’à l’invraisemblance la maîtrise de l’anatomie (corps étirés, muscles hypertrophiés), en altérant les couleurs et les drapés par rapport à la réalité. Hans Baldung Grien se convertit au protestantisme en 1529 : les commandes religieuses se faisant rares à Strasbourg (devenue protestante dans les années 1520 et ayant ordonné le retrait des images des églises et couvents en 1530), il adapte sa production pour continuer à satisfaire et à développer sa clientèle : il se tourne vers les sujets profanes et les portraits tout enexécutant encore des tableaux de dévotion privée.
Des dispositifs de médiation au coeur du parcours
Les dispositifs présentés dans l’exposition s’adressent prioritairement à un jeune public (7-12 ans) pour lui permettre une compréhension de ces oeuvres d’art ancien à caractère religieux éloignées esthétiquement et iconographiquement de ses références contemporaines. Ces outils proposent des contenus uniques, ludiques et didactiques, adaptés à ce public, en diversifiant les approches (visuelles, sonores, tactiles…) et les formes. L’ensemble des dispositifs est accessible en trois langues: français, anglais et allemand
Patricia Vest est partie dans un grand éclat de rire jeté à la face de la mort. Elle est allée côtoyer les étoiles, pour écrire à l’encre du ciel la suite des aventures de Patty la souris. emprunté à Eric Kheliff
MAMIE SHATZ, l’INFLUENCEUSE MULHOUSIENNE DES SEXYGENAIRES
Sous son appellation favorite, elle nous contait par le menu ses journées de repos forcé, fleuries par ses dessins de Patty. Cela a démarré peu avant juin 2023
Nous guettions au jour le jour ses publications, d’un optimisme délirant. Elle était toujours attentive à son ancienne fonction de présidente du commerce mulhousien, à sa boutique IMAGINE, aux s’Henriette, ses amies du gang des tricoteuses, du dressoir des copines, de ses voisins commerçants, de l’actualité. Elle nous régalait de vidéos, où elle vantait ses produits de beauté, avec un accent bien de chez nous.
Suite
Nous la croyions invincible. Nous vivions toutes les étapes de son combat contre la maladie, subjugués par sa vivacité, son optimisme, sa drôlerie, puis tout d’un coup après le 6 avril, plus de publication. Notre attente de nouvelles était balancée entre l’espoir d’un nouveau sursaut et l’inquiétude d’une affreuse annonce .
Comme vous tous, j’imagine, elle ne quittait plus nos pensées. Puis vint la terrible nouvelle, elle nous a faussé compagnie. Toutes nos pensées émues pour « l’astre qui éclaire ses jours » son fils Anthony, ses petits enfants, sa famille, ses amis. Elle nous manque tant déjà. sa page Facebook ci-dessous(clic)
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Gérard Willig est parti rejoindre Malou, qui brille depuis 7 ans, au firmament des enseignants.
Gérard professeur d’Allemand à la retraite, mais j’ajouterai :
« Professeur un jour, professeur toujours »
Au cours de nos nombreux voyages, il a su nous rendre attentif à la beauté du monde. Son dada, avec le chant, était entre autre l’architecture, dont il avait assidument suivi les cours, en parallèle avec sa fonction de professeur. Il nous avait appris à regarder un lieu, un monument en arrivant et aussi de le regarder en partant, pour bien fixer le lieu dans notre mémoire.
Il était tellement cultivé, que plus d’une fois, il en savait davantage sur l’objet visité, que le guide qui nous recevait. Avec Malou, il nous avait conduit à la découverte des magnifiques régions françaises, suisses et allemandes.
Nos sorties UP, préparées minutieusement par eux étaient source d’expériences riches pour le coeur et l’âme.
Que d’encouragements ne ma t’il pas donné pour mon blog, dont il était un lecteur assidu. Combien de fois n’a t’il pas décrocher son téléphone pour nous avertir d’une émission télévisée qui était d’un intérêt certain, afin que nous ne la manquions pas.
Voilà qu’il s’est endormi paisiblement dans sa dernière demeure, le Hôme
Haeffely. Après avoir quitté sa demeure de Pfastatt, remplie de livres, pour cause de fatigue du couple, suivi très vite, par le décès de Malou. Il passa quelques temps au Hansi à Boutzwiller, d’où il pouvait profiter du parc et de la vue vers la Forêt Noire et même par très beau temps les Aples, puis quelques escapades en compagnie d’amis.
Puis sa santé déclina et il entama un séjour à l’Ehpad Haeffely.
Vous pouvez lui rendre hommage mardi le 7 mai à 10 h, à l’église St Antoine de Boutzwiller.
Au Petit Palais une exposition à Théodore Rousseau (1812-1867), jusqu'au 7 juillet 2024 Commissariat : Annick Lemoine, conservatrice générale du patrimoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peintures au musée d’Orsay, commissaire scientifique. L’exposition est organisée avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre et du musée d’Orsay
Le Petit Palais présente une exposition inédite consacrée à Théodore Rousseau(1812-1867), artiste bohème et moderne, qui a fait de la nature le motif principal de son oeuvre, son monde et son refuge. Admiré par les jeunes impressionnistes comme par les photographes qui suivent sa trace en forêt, Rousseau prouve à lui tout seul la vitalité de l’école du paysage, au milieu d’un siècle marqué par la révolution industrielle et l’essor des sciences du vivant. Véritable écologiste avant l’heure, il porte un regard d’artiste sur la forêt de Fontainebleau et élève sa voix pour alerter sur la fragilité de cet écosystème.
L’exposition
L’exposition rassemble près d’une centaine d’oeuvres venant de grands musées français comme le Louvre et le musée d’Orsay, européens comme le Victoria and Albert museum et la National Gallery de Londres, la Collection Mesdag de La Haye, la Kunsthalle de Hambourg entre autres, ainsi que de collections privées. Ces oeuvres montrent combien l’artiste mérite une place de premier plan dans l’histoire de l’art et du paysage, mais aussi à quel point son oeuvre peut guider, aujourd’hui, notre relation à la nature.
Parcours
Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de cet artiste singulier qui s’est toujours positionné à rebours de ses contemporains. La première section évoque son renoncement à la voie académique notamment par le refus d’effectuer le traditionnel voyage en Italie pour parfaire son apprentissage. Rousseau souhaite en effet peindre la nature pour elle-même et non comme décor pour des scènes mythologiques. Il préfère sillonner la France comme en témoignent ses oeuvres de jeunesse : Paysage d’Auvergne, 1830 (musée du Louvre) ; Village en Normandie, 1833 (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt) ; Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête, 1834 (Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague). Il rapporte de ses voyages de nombreuses études qui montrent son observation attentive du visible : études de troncs, rochers, sous-bois, marais…
Au coeur de l’exposition
L’exposition montre toute la singularité de l’oeuvre de Rousseau dont le travail au plus près du motif fait partie intégrante de son processus créatif. Le peintre a besoin de s’immerger dans la nature. Il renonce à toute perspective géométrique et place le spectateur non pas en surplomb du paysage mais au coeur de cet écosystème. Il retouche ensuite ses tableaux en atelier parfois pendant plusieurs années. Sa technique très personnelle, qui contraste avec celle des autres artistes de son temps, lui vaut d’être refusé aux Salons plusieurs années de suite avant de choisir lui-même de ne plus rien envoyer, découragé. Paradoxalement, ce rejet qui lui vaut le surnom de «grand refusé» lui permet d’acquérir une notoriété et un véritable succès critique et commercial en France comme à l’étranger.
La forêt de Fontainebleau
Millet et Rousseau Le parcours met ensuite en lumière ses oeuvres peintes en forêt de Fontainebleau et son rôle décisif joué auprès des artistes et photographes qui comme lui fréquentent le village de Barbizon où il s’installe à partir de 1847. Autour de lui, se rassemblent des peintres comme Narcisse Diaz de la Peña, Charles Jacques, Jean-François Millet qui deviendra son ami le plus proche mais aussi des photographes tels Eugène Cuvelier, Charles Bodmer ou encore Gustave Le Gray. Ils arpentent inlassablement la forêt de Fontainebleau et dressent de véritables portraits d’arbres qui deviendront la signature de Rousseau. L’artiste scrute leur structure organique, la ligne de leurs branches, la forme de leurs noeuds. Il les individualise et situe précisément ses tableaux : Le Pavé de Chailly, vers 1840 (Musée départemental des peintres de Barbizon), ou encore Le Vieux Dormoir du Bas-Bréau, 1836-1837 (dépôt du Musée du Louvre au musée d’Orsay).
En parallèle, une conscience aigüe de la mise en danger des forêts se développe chez les artistes, les critiques et les écrivains dans un contexte d’industrialisation croissante. Les peintres sont les témoins de coupes massives d’arbres et s’en font l’écho. Rousseau souhaite dénoncer ces « crimes » à travers ses oeuvres. Il choisit notamment un titre qui frappe les esprits en reprenant l’épisode biblique du Massacre des innocents,1847 (Collection Mesdag, Pays-Bas)
qui représente une scène d’abattage d’arbres en forêt. En 1852, Rousseau se fait le porte-voix de la forêt au nom de tous les artistes qui la peignent et écrit au comte de Morny, ministre de l’Intérieur de l’époque. Son combat trouve sa résolution dans la création, en 1853, de la première réserve naturelle au monde, sous le nom de «réserve artistique», officialisée en 1861. En fin de parcours, une frise chronologique retrace l’histoire de la forêt de Fontainebleau et de sa sauvegarde du début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, rappelant l’apport décisif de Rousseau, au nom de l’art, dans l’émergence d’une conscience écologique.
VISITES LITTÉRAIRES Les voix de la forêt
Avec Théodore Rousseau, des romantiques aux naturalistes, de Sand à Flaubert, les écrivains donnent à entendre la voix des arbres et le langage des forêts. Une conférencière propose un ensemble de textes évoquant, au fil de l’exposition, l’installation de la communauté artistique et littéraire de Barbizon, le renouveau du paysage et la défense de la forêt de Fontainebleau. Les mardis à 12h15 7, 14, 21 et 28 mai 4, 11, 18 et 25 juin 2 juillet.
Informations pratiques
Petit Palais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris Tel : 01 53 43 40 00 petitpalais.paris.fr Accessible aux visiteurs en situation de handicap. Accès En métro Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt En RER Ligne C : Invalides En bus Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93 En VÉLIB’ Station 8001 (Petit Palais) Auditorium Informations sur la programmation à l’accueil ou sur petitpalais.paris.fr Café-restaurant Le café-restaurant du musée sera fermé pour travaux de rénovation jusqu’au 26 avril inclus.
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La Fondation François Schneider présente pour la période estivale, une exposition temporaire intitulée Aqua Terra mettant en avant la céramique contemporaine à travers le travail sculptural d’une trentaine d’artistes céramistes. Commissariat : Sarah Guilain, responsable des projets artistiques et de la collection
LES ARTISTES
LES THÈMES ABORDÉS
C’est là que tout commence, sur un bord de plage ensoleillé, où les rires des baigneurs et les jeux d’eau résonnent. Que ce soit pour se baigner avec une bouée, se détendre entre amis ou en famille, ou partir à la découverte des trésors marins, chacun y trouve son bonheur. Les artistes s’inspirent de ces éléments emblématiques de la plage afin de créer des oeuvres originales évoquant la détente, les coquillages, les bouées aux couleurs vitaminées et aux formes amusantes. L’ambiance y est détendue et ludique.
Johan Creten, Les Crevettes diaboliques, 2021-2023
Lisa Pélisson Chaise de maitre-nageur,
L’horizon marine
Agathe Brahami-Ferron puise ainsi dans ses souvenirs de vacances pour créer des oeuvres pleines d’humanité, de couleur et de vie. Ses personnages, comme La baigneuse, semblent surgir de l’eau, avec des détails tels qu’un maillot de bain en forme de coquillage ou les premiers coups de soleil rougissant sa peau. Très attachée à la dimension technique et à la mise en valeur de l’art de la céramique, Agathe Brahami-Ferron crée des personnages en céramique tels que des vacanciers ou des nageuses. Sur ces oeuvres sculptées en grandeur nature, l’artiste applique des nuances avec un pistolet, donnant ainsi une profondeur à la peau de ses personnages. La mer : la liberté se compose de 8 modules en céramique qui mettent en valeur le savoir-faire technique de l’artiste dans la manipulation de la forme et de la couleur. En superposant diverses couches d’émaux transparents et opaques, Félicien Umbreitcrée des couleurs uniques qui reflètent le mouvement incessant de la mer. Dans cette oeuvre, la force de la nature invite à la contemplation.
Virgaest une oeuvre captivante de l’artiste Cat Loray, qui transporte le visiteur. Telles des cascades célestes, des fils de pluie suspendus flottent dans l’air, créant une danse poétique entre la terre et le ciel. Chaque gouttelette en céramique blanche est un instant figé, une pause dans le temps. L’oeuvre invite à la contemplation, à la réflexion. Virga est une ode à la nature, une invitation à se perdre dans la magie de l’instant présent.
Fascination glacée
Dans un univers entre la magie des émaux céladon et la pure blancheur de la porcelaine, le froid se fait ressentir. Parmi les icebergs majestueux dressés comme des sculptures de glace éternelles, les bélugas dansent avec grâce dans les eaux cristallines, capturant un moment figé dans un monde glacé.
Cécile Fouillade, Phoque annelé, 2024 Porcelaine, tissus, bois Iceberg n’est pas une pièce unique. Il s’agit d’une série sur laquelle l’artiste travaille depuis 2015. La porcelaine blanche contraste magnifiquement avec le bleu de l’eau, évoquant la pureté et la majesté de la glace. On imagine aisément les icebergs géants se détachant de la banquise et dérivant dans les eaux froides de l’océan.
Weronika Lucinska Iceberg, 2024
Dans une démarche visant à instaurer un dialogue entre la nature et l’architecture, les céramiques de Safia Hijoss’inscrivent dans un environnement à la fois baroque et poétique. Elles se retrouvent au mur, au plafond, au sol, dans les coins, dans les arbres… Avec ces pièces murales tubulaires, il s’agit ici d’évoquer à la fois l’eau à l’état liquide et les roches qui se forment lentement par calcification.
Stalaktos, 2024
Vestiges oubliés des profondeurs
Ces vestiges abandonnés qui jonchent les fonds marins, sont des témoins silencieux de l’histoire de l’humanité et de la vie marine. Les artistes nous confrontent à la fragilité des écosystèmes marins et à l’empreinte indélébile laissée par l’homme sur ces paysages sublimes. Les sculptures exposées captent cette atmosphère de mystère et de nostalgie, où la céramique devient le témoin silencieux des bouleversements qui affectent les océans. Mein Er Mere est le nom désigné d’une pierre couchée sur l’estran de Locmariaquer (Bretagne). Depuis le Néolithique, cette pierre a vu la mer monter d’un mètre par millénaire. Les collines sont devenues des îles et l’argile sur laquelle elle reposait s’est mêlée avec le sable vaseux : on appelle ce mélange de la tangue. À partir de ce matériau, les deux artistes ont façonné des milliers de pièces céramiques suggérant la face cachée du menhir. Mein Er Mere est le portrait imaginaire de ce qui a déjà été emporté par la mer avec lenteur et certitude.
Cordina & Mérovée Dubois Mein Er Mère, 2021
Ce casque de scaphandre à taille humaine nous accueille tel un guide fantomatique qui invite le visiteur à l’équiper pour partir en exploration. Tout en suggérant la préparation nécessaire aux plongeurs, il nous rappelle les limites de notre condition humaine à pénétrer physiquement l’espace sousmarin. Cette protection mécanique évoque les inlassables recherches vouées à inventer toujours plus d’outils et de machines capables de remédier aux impairs de notre évolution. Cartel rédigé par Licia Demuro à l’occasion de l’exposition à la Corderie Royale en 2022
Elsa Guillaume, Spacesuit, 2012 Céramique, câbles
Les merveilles de l’océan
Le monde aquatique prend vie avec sa profondeur envoûtante. Les massifs coralliens déploient des couleurs chatoyantes et des formes étranges, pendant que des créatures marines telles que des araignées de mer et des poulpes se faufilent habilement entre les coraux.
Bénédicte Vallet, Phanons, 2019 Porcelaine fibrée, chanvre, bois
Un poulpe, brillant et vibrant d’énergie, se faufile à travers une étagère carrelée en verre bleu avec tous ses tentacules. Ce fragment d’espace domestique remodelé par une fantaisie débridée suscite des sentiments mêlés, entre la connivence du clin d’oeil et l’inquiétude face à l’animation incontrôlée et intempestive d’un décor ordinairement si policé.
Sébastien Gouju, Le poulpe, 2017 Faïence émaillée
Les gardiens des abysses
Au coeur des abysses, nous sommes transportés à la rencontre de créatures marines fantastiques telles que des sirènes, des tentacules et des poissons scintillants. Les artistes explorent les mythes et légendes liés à l’océan, et créent des oeuvres qui évoquent des univers mystérieux. C’est là que le royaume de Neptune prend vie, dans une réalité liquéfiée et captivée par l’imagination. Les gardiens des abysses Thomas Kartini, s’inspire de ses précédentes recherches en biologie, de monstres japonais et de jouets modulaires pour créer des paysages ludiques, habités de créatures charmantes ou inquiétantes.
Thomas Kartini, Tentaculaire II, 2024 Modelage, matières grès, porcelaine, engobes, émauxMuriel Persil Le poisson scintillant, 2022 Grès émailléJohan Creten, Les Crevettes diaboliques, 2021-2023 Grès émailléMélanie Broglio L’hippocampe, 2019 Faïence émaillée
Information Pratiques
HORAIRES & TARIFS Horaires d’hiver (Octobre – Mars) du mercredi au dimanche 13h à 17h Tarif normal : 8 € Tarifs réduits : 4 € Et gratuité sous conditions. Pour plus de renseignements consultez notre site internet : fondationfrancoisschneider.org Fondation François Schneider 27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller – FRANCE
……………………………………………………… Horaires d’été (Avril – Septembre) du mercredi au dimanche 11h à 18h
Le Kunstmuseum Basela une nouvelle directrice: Elena Filipovic a pris ses fonctions en avril 2024. Elle succède à Josef Helfenstein, qui a pris sa retraite fin 2023. À propos de son nouveau mandat, Elena Filipovic déclare :
« C’est un honneur d’assumer cette impressionnante responsabilité. Je suis profondément engagée à protéger et à élargir davantage l’héritage de l’un des musées d’art les plus importants au monde. La Collection d’art publique de Bâle qui constitue le noyau historique du Kunstmuseum ; sa création remonte à 1661 dans le but de préserver les œuvres d’art, ainsi que la créativité et les idées des artistes, pour les générations futures et de les partager avec des publics proches et lointains. C’est la tradition d’un musée véritablement public, dans lequel la rencontre avec l’art a servi de source d’inspiration vitale et de défi aux perceptions communes du monde, chose sur lesquelles Filipovic souhaite s’appuyer. À cette fin, elle vise à élargir le public en renforçant le Kunstmuseum Basel pour qu’il devienne un lieu encore plus accessible, inclusif et accueillant.
Le Kunstmuseum Basel est déjà exceptionnel, mais je pense qu’il a aussi le potentiel de le devenir encore plus grâce à un engagement accru à se voir dans le présent : un musée dans lequel nous comprenons que nous avons des centaines d’années d’art qui peuvent entrer en résonance et nous dire quelque chose d’important sur notre vie actuelle. Un musée dans lequel nous pouvons regarder par exemple le Christ mort au tombeau de Holbeinet en venir à comprendre comment nous, en tant que société, avons toujours été aux prises avec la mortalité, la perte et la foi, un tel tableau vieux de plus de 500 ans peut encore nous parler aujourd’hui ».
C’est comme ça que E. Filipovic esquisse son approche : le musée avec ses trésors d’art s’étendant sur sept siècles, doit développer de nouveaux modes de pensée et d’action dans sa programmation et sa recherche pour nous aider à faire face aux complexités d’aujourd’hui.
L’un des axes de son travail sera donc la collection. Filipovic ne veut pas seulement ajouter progressivement de nouveaux accents dans la présentation des œuvres d’art de la collection dans les trois les lieux du musée. Elle espère également élargir la collection d’art public de Bâle avec des acquisitions et des cadeaux soigneusement réfléchis, par exemple des œuvres de créateurs sous-représentés, artistes d’horizons divers. Elle estime en outre que les questions centrales dans la société contemporaine, comme la durabilité et la diversité, sont des défis clés. Le Kunstmuseum Basel doit s’attaquer à ce problème.
Les visiteurs peuvent déjà voir le premier des changements progressifs initiés par Filipovic, dans la présentation des collections. Elle sera également co-commissaire d’une exposition rétrospective, au printemps/été 2025, qui portera un nouveau regard sur le travail de l’artiste franco-italien sculpteur et photographe Medardo Rosso (1858-1928), en perspective d’une époque contemporaine. La présentation de cette œuvre qui a contribué à ouvrir la voie au modernisme, est réalisé en coopération avec le Musée d’Art Moderne Stiftung Ludwig / mumok, Vienne et sera complétée par des œuvres d’autres artistes.
Détails biographiques
Elena Filipovic (née en 1972) rejoint le Kunstmuseum après plus de neuf ans en tant que directrice et commissaire de la Kunsthalle Basel, où elle a organisé plus de soixante-dix expositions, et suite à son mandat de commissaire principale du WIELS, Bruxelles de 2008 à 2014. Elle a été commissaire du Pavillon croate de la Biennale d’art de Venise en 2022 et a été co-commissaire, avec Adam Szymczyk, de When Things Cast No Shadow, le 5e Berlin Biennale d’art contemporain en 2008. Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de Princeton. Université et a placé l’écriture et la recherche au centre de son approche de l’art. Ses écrits ont parus dans de nombreux catalogues et revues d’artistes et elle a édité plusieurs recueils, dont The Artist as Curator: An Anthology (Mousse Publications, 2017) et The Biennial Reader : Anthologie sur les plantes vivaces à grande échelle. Expositions d’art contemporain, avec Marieke van Hal et Solveig Øvstebø (Hatje Cantz Editeur, 2010). Elle est l’auteur de David Hammons, Bliz-aard Ball Sale (Afterall Books, 2017), pour lequel elle a été récompensée par la Fondation Andy Warhol/Creative Capital Arts Bourse aux écrivains et Les activités apparemment marginales de Marcel Duchamp (MIT Press, 2016), lauréat de la mention honorable, Prix PROSE 2017 en histoire et critique de l’art.
Informations pratiques
HAUPTBAU & NEUBAU Lu fermé Ma 10h00–18h00 Me 10h00–20h00 Je–Di 10h00–18h00 Horaires d’ouverture particuliers Veuillez noter que le Kunstmuseum Basel | Gegenwart sera fermé du 8.4. au 23.5.2024 pour cause de montage de l’exposition.
GEGENWART Lu fermé Ma–Di 11h00–18h00
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Au musée du Luxembourg jusqu'au 11 août 2024
Commissariat général et scénographie :
Konstantin Grcic, Berlin/Allemagne
Chef de projet : Nathalie Opris, Berlin/Allemagne
Architecte délégué du projet :
Jean-Christophe Denise, Paris/France
Catalogue et graphisme de l’exposition :
Bureau Borsche, Munich/Allemagne
Chef de projet : Kolja Buscher, Munich/Allemagne
Commission spéciale :
Nicolas Bourquin et Sven Ehmann, Berlin/Allemagne
Environ 150 objets exposés : pièces historiques uniques et icône emblématiques, produits commerciaux, prototypes, modèles, pièces commandées, dessins, gravures, projections, films, applications interactives. L’exposition MATCH : Design & Sport – une histoire tournée vers le futur, est imaginée comme une aire de lancement pour la réflexion sur le futur du sport et souligne le rôle primordial que le design tiendra dans son façonnage.
Le concept curatorial de l’exposition vise ainsi à donner une vision plus large des corrélations entre ces deux disciplines. Plutôt que d’essayer de s’imposer comme une étude historique exhaustive, elle poursuit une approche plus narrative, qui met en parallèle des sujets en apparence éloignés, sans les différencier les uns des autres.
La scénographie de l’exposition s’inspire du monde du sport pour créer une expérience dynamique et immersive. L’immobilisme muséal est alors remplacé par la mobilité et le dynamisme inspirés des arènes sportives.
Le rôle du design dans le contexte du sport va bien au-delà de la forme, de l’aspect et de la sensation d’une chaussure de course ou d’une raquette. Les jeux, qu’ils soient physiques ou numériques, sont conçus à partir de règles et de régulations ; par exemple, le poids d’une balle ou la réactivité d’un clavier sont conçus pour définir la vitesse d’un même jeu. Les athlètes construisent et sculptent leur corps. La technologie est, quant à elle, conçue pour améliorer et optimiser les performances humaines et pour compenser ses éventuelles faiblesses.
L’expérience des spectateurs est également minutieusement pensée, du placement des caméras et des séquences filmées par des drones aux plateformes de diffusion en ligne, en passant par la configuration et les sensations procurées par un stade.
S’ouvrant sur une représentation classique de l’athlète (le Discobole) et sur la notion de superhéros ou de super-athlète, l’exposition couvre un riche ensemble de sujets illustrant la relation synergique entre le sport et le design. Les objets présentés vont de l’architecture des stades (Temporary Autonomous Zone, Didier Faustino, 2004/2023) aux symboles de l’impact social et politique fort que le sport a sur nos modes de vie (Replica of the JogBra®from 1977 invented by Lisa Lindahl, Polly Smith and Hinda Miller, 2024 ; Refugee Nation flag, Yara Said, 2016), en passant par l’impact sur le développement des prothèses (Cheetah® Xcel pied de sprint, Össur, 2021), sur la robotique (Atlas le robot humanoïde, Boston Dynamics, 2018), les impératifs environnementaux (Gravel Lugged Frame Build Kit, Bamboo Bicycle Club, 2012), l’impression 3D (1827 F BIONIC biathlon rifle, Anschütz, 2022), la production d’équipements ultra-personnalisés (ensemble Versa Foot + Moto Knee Prosthetic Leg, Mike Schulz), l’e-sport (g.Nautilus RESEARCH (casque EEG utilisé pour les interfaces cerveau-ordinateur), g.tec medical engineering GmbH, 2017), le dopage technologique (Speedo LZR Racer fastskin racer back swimsuit, Speedo and Mectex in collaboration with NASA, 2008), l’entraînement (aiScout, ai.io, 2023), et bien d’autres sujets.
Sans formuler d’opinion ou d’interprétation spécifique, la question du futur du sport reste ouverte, partant du principe que la robotique, la technologie et la digitalisation générale du sport continueront à se développer au même rythme que la progression de la collecte et de l’analyse des données.
Dans son ensemble, l’expérience immersive associe le passé au présent et à un futur hypothétique, pour créer une exposition libérant une énergie palpable, et rappelant les sensations fortes expérimentées dans le monde sportif. Cette vision globale, proposée par Konstantin Grcic, se reflète dans la toute dernière image de l’exposition, qui est une citation de la Charte olympique : La pratique du sport est un droit de l’homme.
Informations et réservation
Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h nocturne les lundis jusqu’à 22h sauf les 29 juillet et 5 août fermeture exceptionnelle le 1er mai Accès 19 rue Vaugirard 75006 Paris M° Saint Sulpice ou Mabillon rer B Luxembourg bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat depuis la gare de Lyon bus 63 arrêt St Sulpice
museeduluxembourg.fr #ExpoMatch Contacts
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Au Centre Pompidou jusqu'au 1er juillet 2024 Galerie 1, niveau 6 Commissariat Ariane Coulondre, conservatrice, service des collections modernes, Musée national d’art moderne Commissaires associées Julie Jones, conservatrice, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne Valérie Loth, attachée de conservation, Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne
Prologue
Avec plus de 120 sculptures, ainsi que des photographies, dessins et films de l’artiste, la grande rétrospective « Brancusi», organisée au Centre Pompidou, constitue un événement exceptionnel. Elle offre l’opportunité de découvrir toutes les dimensions de la création de cet immense artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne. La dernière exposition rétrospective Brancusi en France, et la seule, remonte à 1995 (sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou). À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs à la nation en 1957, forme la matrice de ce projet. En effet, le déménagement intégral de l’Atelier Brancusi dans le cadre des travaux de rénovation du Centre Pompidou est l’occasion unique de mettre en regard son contenu avec Constantin Brancusi Autoportrait avec la chienne Polaire dans l’atelier Vers 1921de nombreux autres chefs-d’oeuvre de l’artiste provenant des plus importantes collections internationales.
Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craiova…) sont ainsi réunies.
Parcours de l’exposition
Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris. C’est là, dans la capitale en pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples. Très vite, son oeuvre exerce une grande fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement).
À la fois lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est conçu par l’artiste comme une oeuvre en soi et légué à sa mort à l’État français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété de prêts majeurs de collections internationales. Proposant de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son oeuvre et les grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance d’invention et sa quête inlassable de beauté. Il entend montrer un artiste vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être toujours réactivée : « Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles. », disait-il.
« Constantin Brancusi habite un atelier de pierre dans l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard. Ses cheveux et sa barbe sont blancs, sa longue blouse d’ouvrier est blanche, ses bancs de pierre et sa grande table ronde sont blancs, la poussière de sculpteur qui recouvre tout est blanche, son Oiseau en marbre blanc est posé sur un haut piédestal contre les fenêtres, un grand magnolia blanc est toujours visible sur la table blanche. À une époque, il avait un chien blanc et un coq blanc. » Ces mots de l’éditrice américaine Margaret Anderson témoignent de l’extraordinaire impression de clarté qui saisit les visiteurs de l’atelier, accueillis par de multiples figures de Coqs, dressées vers le ciel. Symboliquement associé à la France, terre d’accueil de l’artiste, l’animal évoque aussi par son chant le lever du jour, l’idée de commencement qui imprègne tout l’art de Brancusi.
Aux sources d’un nouveau langage
Après avoir suivi une formation académique en Roumanie, Brancusi arrive à l’âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il devient brièvement son assistant en 1907. La puissante figure du maître fait office de repoussoir pour le jeune sculpteur. En 1907-1908, trois oeuvres majeures, Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière, montrent sa volonté de trouver sa propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille directe. Il abandonne le travail d’après modèle pour réinventer la figure de mémoire. Tout en étant profondément original, son art apparaît comme le creuset de ce qu’il peut alors voir à Paris : les oeuvres antiques ou extra-européennes au musée du Louvre et au musée Guimet, mais également l’art de Paul Gauguin ou les recherches cubistes d’André Derain. Sa série autour du motif de la tête d’enfant éclaire son processus de fragmentation et de simplification des formes, visant à exprimer « l’essence des choses ».
Ligne de vie
Brancusi conservait tout : lettres, articles de presse, agendas, factures… Ses archives, acquises par le Musée national d’art moderne en 2001 et conservées à la Bibliothèque Kandinsky, réunissent plus de dix mille lettres, livres, disques, documents… Elles constituent une mine d’or pour connaître la vie de l’artiste, ses amitiés, ses goûts, le replacer dans son époque et saisir la fascination qu’il exerce sur ses contemporains. Cet ensemble exceptionnel, dont une partie est exposée dans l’exposition, témoigne de la place centrale de Brancusi au sein de l’avant-garde internationale pendant plus d’un demi-siècle.
L’atelier
Dans l’atelier de Brancusi, tout ou presque naît de sa main : la grande cheminée en calcaire, les tabourets en bois ou les tables en plâtre servant à la fois de mobilier ou de socle… Dans ses photographies, l’artiste se met lui-même en scène au travail, taillant, sciant ou modelant. Après la Seconde Guerre mondiale, s’il arrête quasiment de sculpter, il déplace, regroupe et combine sans cesse ses oeuvres. Quand une oeuvre est vendue, il la remplace par son tirage en plâtre ou en bronze pour conserver l’unité de l’ensemble. C’est à l’intérieur de ce lieu, à la fois musée de sa création et oeuvre en soi, que Brancusi impose sa vision d’un environnement total. À son décès en 1957, Brancusi lègue à l’État français son atelier, à charge pour celui-ci de le reconstituer. L’ensemble est installé d’abord de manière partielle au Palais de Tokyo puis intégralement au Centre Pompidou. L’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils, est reconstitué au coeur de l’exposition. (ci-dessus)
Féminin et masculin
Chez Brancusi, la simplification des formes et la suppression des détails sont paradoxalement sources d’ambiguïté. Dès 1909, l’artiste entame une réflexion sur le motif du torse féminin. De sa Femme se regardant dans un miroir, nu encore classique, il ne retient que la courbe unissant les formes arrondies de la tête et de la poitrine pour aboutir à l’ambivalente Princesse X. Est-ce une vierge ou une verge ? L’image idéale de la femme ou un phallus dressé ? L’aspect équivoque de la sculpture fait scandale et lui vaut d’être refusée au Salon des indépendants de 1920. L’art de Brancusi joue du double sens et de la métamorphose. Le masculin et le féminin fusionnent en une même image, évoquant le thème de l’androgyne, déjà présent dans Le Baiser. Un même trouble s’exprime dans son Torse de jeune homme, au genre incertain. Perturbant l’ordre symbolique de la division des sexes, ces oeuvres font écho à l’esprit contestataire de Dada, porté à la même époque par ses amis Marcel Duchamp, Man Ray et Tristan Tzara.
Des portraits ?
Depuis ses débuts, le genre du portrait occupe une place centrale dans l’art de Brancusi. En s’éloignant du visible pour aller à l’essentiel, le sculpteur n’en délaisse pas moins la figure humaine, en particulier féminine. Alors que les titres des sculptures conservent les noms des amies ou compagnes qui inspirent le sculpteur (Margit Pogany, la baronne Frachon, Eileen Lane, Nancy Cunard, Agnes Meyer…), leurs personnalités tendent à se fondre et se confondre en un visage stylisé, ovale et lisse. Elles ne sont « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre».
Chacune se distingue par quelques signes élémentaires : yeux en amandes, chignon, bouclettes… Travaillant sans modèle, préférant reconstruire la figure de mémoire, Brancusi pose à travers ses portraits la question de la ressemblance et de la représentation. Dans ses portraits dessinés, une même ligne souple décline les figures en profils et silhouettes.
L’envol
Le motif de l’oiseau, qui comporte plus de trente variantes en marbre, bronze et plâtre, occupe Brancusi pendant trois décennies. Initiées en 1910, les Maïastras au corps bombé, cou allongé et bec grand ouvert font référence à un oiseau fabuleux des contes populaires roumains. Dans les années 1920, le sculpteur simplifie la forme, l’amincit et l’étire verticalement jusqu’à la limite de la rupture pour créer la série des Oiseaux dans l’espace. L’envol symbolise pour Brancusi le rêve de l’homme échappant à sa condition terrestre, son ascension vers le spirituel. En 1927-1928, un procès oppose le sculpteur aux douanes américaines qui refusent le statut d’oeuvre d’art à un Oiseau en bronze, perçu comme une pièce industrielle métallique.
Vers 1930, le maharajah d’Indore lui commande deux Oiseaux pour un temple en Inde qui restera à l’état de projet. Ce caractère sacré, transcendant, transparaît dans le sous-titre de l’exemplaire exposé à New York en 1933 : « Projet d’Oiseau qui, agrandi, emplira le ciel ».
Lisse et brut
Dans les photographies prises dans l’atelier, Brancusi cadre souvent ses sculptures au plus près, exploitant le pouvoir d’évocation des matériaux. Les surfaces patiemment polies, sur lesquelles toute trace du geste est effacée, contrastent avec des morceaux bruts ou taillés grossièrement. Ce jeu de matière est autant tactile que visuel, comme le souligne par son titre sa Sculpture pour aveugles. Avec le travail en série, chaque sculpture est à la fois unique et multiple, souvent posée sur des socles superposés auxquels Brancusi porte un soin tout particulier. Composés de formes géométriques simples (croix, cube, disque…), ces supports créent un rythme ascensionnel dynamique et des jeux de correspondances. Brancusi remet en question le statut conventionnel de cet accessoire, traditionnellement utilisé pour surélever la sculpture et la distinguer de son environnement. Il convertit à plusieurs reprises certains socles en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble.
Reflet et mouvement
« Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets. », écrit Brancusi. En polissant longuement le bronze, l’artiste obtient une surface brillante comme un miroir. De cette manière, la sculpture se projette au-delà d’elle-même et échappe à son strict contour. Les photographies et les films de l’artiste confirment sa fascination pour les éclats de lumière, parfois aveuglants, et leur pouvoir de métamorphose des formes. L’oeuvre en métal poli absorbe, reflète et distord l’image de son environnement et celle de toute personne qui s’en approche. Animée par ce jeu de reflets, perpétuellement mouvants et changeants, la sculpture devient, comme Brancusi la définit, « une forme en mouvement ». En posant certaines de ses oeuvres sur des roulements à bille, Brancusi fait véritablement tourner ses oeuvres sur elles-mêmes, à l’instar de Lédaanimée d’un mouvement circulaire comme un disque 78 tours sur un gramophone.
L’animal
Dans les années 1930 et 1940, plusieurs séries consacrées à la thématique de l’animal marquent une évolution vers des formes obliques ou horizontales. Au sein de ce bestiaire, deux groupes se distinguent : les volatiles (coqs, cygnes, oiseaux…) et les animaux aquatiques (poissons, phoques, tortues…). Avec de multiples versions, dans des matériaux et des formats variés, ses sculptures semblent répondre au principe naturaliste de l’espèce. Par la simplification des formes, Brancusi vise à la fois à atteindre une figuration symbolique de l’animal et à retranscrire son mouvement. Il explique : « Quand vous voyez un poisson, vous ne pensez pas à ses écailles, n’est-ce pas ? Vous pensez à sa rapidité, à son corps filant comme un éclair à travers l’eau… »
Les images photographiques ou filmiques réalisées par le sculpteur témoignent également de son lien étroit à la nature et au vivant.
Le socle du ciel
Brancusi a toujours nourri l’espoir de réaliser des oeuvres monumentales, comme en témoigne la reprise inlassable du motif du Baiser, stylisé et développé à l’échelle architecturale, sous forme de colonne et de porte. Une première occasion s’offre à lui en 1926, quand il plante sa Colonne sans fin dans le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis. Née d’un modeste socle en bois, cette oeuvre radicale procède de la scansion verticale de l’espace par la répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la Roumanie. C’est d’ailleurs dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu’il mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d’un kilomètre et demi traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne sans Fin. Érigée en fonte métallisée à près de trente mètres de haut, cette dernière figure l’axis mundi, le trait d’union entre la terre et le ciel, offrant au regard de multiples perspectives.
Informations pratiques
Un documentaire sur Arte L’exposition « Brancusi» pour les familles Un dépliant dédié au jeune public est librement disponible pour accompagner les enfants et leurs parents dans leur découverte active des oeuvres du père de la sculpture moderne. Tous les dimanches à 15h, la visite « Tribu » de l’exposition « Brancusi » permet d’explorer en famille l’univers de l’artiste. Un dossier ressources dédié à l’artiste Un dossier ressources numérique est dédié à Constantin Brancusi et son oeuvre. Il propose : une approche biographique, une sélection d’oeuvres et des focus. Accessible sur le site internet du Centre Pompidou, les responsables de groupes y trouveront de nombreuses pistes pour préparer la visite ou en tirer profit après leur venue. Retrouvez ici nos dossiers ressources sur l’art. Le podcast de l’exposition Disponible en français et en anglais, un podcast accompagne le parcours dans l’exposition. Les paroles de Constantin Brancusi et de ses contemporains résonnent avec les propos d’Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, pour présenter les oeuvres phares et le travail de l’artiste. Les visites guidées Poser un regard curieux, critique et documenté sur la création, découvrir les enjeux esthétiques et historiques de l’exposition voici quelques-uns des temps forts que réservent les conférencières et conférenciers aux publics. Visite guidée de l’exposition « Brancusi » en français : le samedi à 16h, le dimanche à 14h et à 16h (durée : 1h30). Visite guidée de l’exposition « Brancusi» en anglais : le samedi à 12h (durée : 1h30). Des visites adaptées sont également proposées aux personnes en situation de handicap.